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Le regard des éducateurs et des soignants

Annie Sullivan et Helen Keller

Nous faisons la connaissance d’Helen dans un monde de ténèbres. C’est une silhouette aux contours incertains qui se meut dans un noir épais. D’autres formes émergent de ce noir lorsqu’Helen les touche : une table, une chaise, de la nourriture, puis les bras et les mains d’un autre être. C’est ainsi que Joseph Lambert représente la façon dont Helen est au monde dans Annie Sullivan et Helen Keller : N’existe que ce qu’elle peut toucher ou goûter.  Elle-même ne ressent rien de son être que la forme de son corps et la surface en contact avec ce qui n’est pas elle.

Stimulée par la persévérante Annie, Helen répète inlassablement les signes. Elle finit ainsi par faire une découverte qui change sa vie : les mots qu’elle signe ne correspondent pas aux sensations qu’elle éprouve au contact des choses mais ils ont un lien direct avec ces choses elles-mêmes. Autrement dit, le monde existe au-delà̀ de ce qu’elle en perçoit.

Helen a désormais des yeux dans son monde intérieur : alors qu’elle n’était qu’un contour dans les ténèbres, Joseph Lambert ajoute désormais deux points noirs dans son visage. A sa façon, elle regarde enfin le monde.

Annie Sullivan et Helen Keller

Joseph Lambert

Ça et là / Cambourakis 2013

© 2013 Éditions çà et là / Éditions Cambourakis

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