Catel Muller, diplômée des Arts décoratifs de Strasbourg, débute en 1990 une carrière de dessinatrice de presse et d'illustratrice, avec une centaine d'ouvrages à son actif dont la série « Le monde de Lucrèce ».
En 2000, avec son héroïne « Lucie » , Catel ouvre la voie à une certaine bande dessinée féminine , volontiers féministe. Depuis, elle s’est fait la spécialiste de portraits de femmes remarquables et ses biographies, comme celles de Kiki de Montparnasse, Olympe de Gouges, Josephine Baker ou Benoite Groult, traduites en plusieurs langues et récompensées de prix prestigieux.
Couronnée en 2018 du Grand prix belge de la Bande Dessinée Diagonale-Rossel pour l'ensemble de son oeuvre, Catel Muller s'est imposée en ce début du 21eme siècle comme l'une des autrices majeures de la bande dessinée internationale.
catel
Ainsi soit Benoîte Groult
Deux femmes se rencontrent dans un contexte professionnel. Coup de foudre, connection, amitié…
Ce roman graphique est à la fois biographique, autobiographique et génétique. Catel s’empare de la vie de Benoîte pour la raconter et pour se raconter elle-même à l’encre de Chine. Mais elle dépeint aussi le processus qui fait de cette bande dessinée un projet partagé. Les deux femmes ont en commun, au départ, des ouvrages sur Olympe de Gouges (1748-1793) composés de leurs mains. Ensuite, au fur et à mesure qu’elles partagent du temps, leurs vies commencent à se croiser et le lien s'approfondit. Les dessins du carnet de Catel nous transportent à des moments précis de cette histoire vraie, tout comme les fac-similés des lettres qu’elles s’échangent. On découvre de sa main tout l’univers de Benoîte, son entourage, sa famille, sa maison, son actualité et, bien entendu, son histoire passée.
En racontant la vie et l'œuvre de Benoîte Groult, Catel passe en revue des situations de violence de genre. Encore une véritable “collection” de faits, comme chez Ulli Lust, mais ici, on est dans l’hétérogénéité. On y constate que la vie d’une femme permet de montrer toutes les nuances de la misogynie : l’éducation et le mandat de “féminité” (sois belle et tais-toi), l’abus de pouvoir d’un homme dans un lien intime, l’avortement clandestin dans des mauvaises conditions (traumatisant, dangereux), les violences conjugales, les discriminations et mépris dans l’arène publique...